Le Figaro parle du périgord noir.

Virée dans le triangle d’or du Périgord entre châteaux, villages et jardins extraordinaires

GUIDE. – En Dordogne, le Périgord noir tire un certain prestige à concentrer quelques-uns des sites les plus spectaculaires de cette région plébiscitée par les épicuriens, les amateurs d’histoire et de patrimoine naturel. Cap sur un rayon de 50 kilomètres autour de Sarlat-la-Canédat !

Par Laurence Gounel
En Périgord Noir, au pied d'une falaise exposée plein sud, La Roque-Gageac, labellisé «plus beau village de France», avec ses maisons dorées qui se mirent dans les eaux de la Dordogne.
En Périgord Noir, au pied d’une falaise exposée plein sud, La Roque-Gageac, labellisé «plus beau village de France», avec ses maisons dorées qui se mirent dans les eaux de la Dordogne. Adobe Stock

À moins de 2h30 de Bordeaux et de Toulouse, les vallées de la Dordogne et de la Vézère font partie de l’itinéraire privilégié de ceux qui fuient le littoral l’été. Gastronomie, pierres authentiques, reliefs karstiques, villages haut perchés et châteaux médiévaux se disputent un paysage vallonné au milieu duquel coulent la Dordogne, la Vézère et un sens de l’art de vivre unique en France.

Une concentration des plus beaux villages de France

Parmi les quelque 150 villages labellisés «plus beaux villages de France», une petite dizaine a essaimé dans le Périgord Noir et participe au charme de ce slow tourisme qui prend tout son sens ici. Situés pour la plupart dans un rayon d’une trentaine de minutes, on prend soin d’en découvrir un chaque jour, pour faire durer le plaisir… D’abord La Roque-Gageac pour son marché le vendredi, coincé entre la Dordogne et ce rocher abrupt que les maisons semblent escalader. Un site extraordinaire, une roche sur laquelle on aperçoit à mi-hauteur les vestiges troglodytiques d’une ancienne forteresse qui valu à ce port autrefois dynamique la réputation de «village imprenable».

À une dizaine de kilomètres de Sarlat, Castelnaud-la-Chapelle surplombe le confluent entre la Dordogne et le Céou dans un panorama splendide.
À une dizaine de kilomètres de Sarlat, Castelnaud-la-Chapelle surplombe le confluent entre la Dordogne et le Céou dans un panorama splendide. Adobe Stock

Puis sa voisine, Beynac-et-Cazenac qu’il faut «grimper» en empruntant ses ruelles bordées de petites maisons en pierre blonde. À mi-hauteur, elle offre le spectacle de la rivière qui serpente derrière les sublimes toits de Lauze au premier plan, et devant les collines de Castelnaud-la-Chapelle en face, de l’autre côté de la Dordogne. À l’arrivée, un authentique château du XIIe siècle, l’un des plus emblématiques du Périgord, offrant une vue imprenable sur la vallée. En face justement, Castelnaud-la-Chapelle est construit en terrasse. Surplombant lui aussi la Dordogne et la Vallée du Cou, il est coiffé d’un imposant château fort.

À quelques kilomètres, c’est la Bastide de Domme que l’on découvre perché au bout d’une route à lacets. Ce petit bastion authentique, calme et fortifié est devenu un village d’artisans et surtout, offre l’un des plus beaux points de vue sur la vallée. Une autre Bastide qui vaut de pousser plus au nord, à 30 minutes, c’est Monpazier, devenue, elle, un rendez-vous incontournable des métiers d’art et pour les amateurs de brocante. Linge brodé, verrerie, antiquités… Chaque dimanche c’est l’effervescence dans ce décor du XIIIe siècle, avant d’aller s’attabler sous la treille du Bistrot 2. Sur la route, stop obligatoire à Saint-Léon-sur-Vézère, village médiéval typique, avec ses toits à coyaux, ses ruelles étroites et une sublime église romane en bordure de Vézère.

Sarlat-la-Canédat, capitale de charme

Sarlat-la-Canédat, l'une des plus belles cités médiévales de France.
Sarlat-la-Canédat, l’une des plus belles cités médiévales de France. Dan Courtice

Avec 66 monuments classés sur 11 hectares, Sarlat peut s’enorgueillir d’être l’une des plus belles cités médiévales de France. Fière de ses hôtels particuliers et de son église dont les portes monumentales ont été restaurées par l’architecte Jean Nouvel, Sarlat n’en finit pas de nourrir sa réputation de ville d’art et d’histoire. L’enfant du pays l’a d’ailleurs dotée d’un ascenseur panoramique qui offre une vue spectaculaire sur les toits et l’architecture de la ville. Mais c’est le samedi qu’il faut venir goûter l’ambiance du principal jour de marché, qui s’étend alors sur toutes les rues piétonnes de la ville. Un rendez-vous incontournable pour les producteurs du Périgord Noir, et pour les épicuriens en général : pas moins de 450 étals viennent illustrer ici la culture du confit, des foie gras et du «bien vivre» à la périgourdine. Une clameur joyeuse s’élève de la ville chaque fin de semaine.

De châteaux en jardins

Site classé, les jardins romantiques et pittoresques de Marqueyssac offrent autour d'un château couvert de lauzes du début du XIXe siècle, plus de 6 kilomètres de promenades ombragées.
Site classé, les jardins romantiques et pittoresques de Marqueyssac offrent autour d’un château couvert de lauzes du début du XIXe siècle, plus de 6 kilomètres de promenades ombragées. Photo presse

Souvent perchés, tantôt romantiques ou vrais châteaux-forts… On dit qu’il y aurait 1001 châteaux en Périgord. Ils sont l’héritage de la lutte contre l’hérésie Cathare jusqu’aux guerres de religion, en passant par la guerre de Cent Ans. Parmi les incontournables, ceux de BeynacCastelnaud, mais aussi celui des Milandes (demeure de Joséphine Baker) pour ses «jardins remarquables» ou très romantique, celui des Commarque.

Les jardins justement, un autre des trésors de cette région, fief des amateurs d’art de vivre. Avec, en tête, les Jardins d’Eyrignac, un domaine encore familial qui alterne une roseraie, des sculptures végétales, bassins, fontaines, potager, jardin champêtre, carré taillé à la française… Et avec en 2020, une découverte sensorielle autour de la réflexologie, l’aromachologie, la sonologie, la sylvothérapie, la contemplation ou la méditation en pleine conscience. Tandis que les jardins suspendus de Marqueyssac – «le belvédère de la Dordogne» – concentrent 150.000 buis centenaires taillés à la main, formant un dédale moutonneux et perché sur un éperon rocheux autour d’un château du XIXe siècle.

Un patrimoine préhistorique

Entre Le Bugue et la grotte de Lascaux à Montignac, le village des Eyzies-de-Tayac mérite son surnom de capitale mondiale de la préhistoire. Surplombant la vallée de la Vézère, la falaise des Eyzies accueille depuis des millénaires l'habitat des hommes.
Entre Le Bugue et la grotte de Lascaux à Montignac, le village des Eyzies-de-Tayac mérite son surnom de capitale mondiale de la préhistoire. Surplombant la vallée de la Vézère, la falaise des Eyzies accueille depuis des millénaires l’habitat des hommes. Adobe Stock

Si les Eyzies-de-Tayac demeure la capitale mondiale de la Préhistoire, c’est toute la région de la Vallée de la Vézère – appelée Vallée de l’Homme – qui déploie ses falaises vertigineuses et des villages troglodytes. Aucun autre site dans le monde n’a produit autant de grottes, de galeries et d’abris ornés. Site classé par l’Unesco, les Eyzies est célèbre pour y héberger encore un vrai centre scientifique et pour cette paroi naturelle mettant à jour les nombreuses gravures paléolithiques. Incontournables, les Abris Pataud, de Cap Blanc et de Laugerie Basse, le Musée national de la préhistoire qui revient sur 400.000 ans de présence humaine, les grottes des Combarelles (avec 8000 figurations pariétales) et de Font-de-Gaume (l’une des rares grottes ornées ouvertes à la visite) témoignent du riche passé autour de «l’homme des cavernes». À quelques kilomètres de là, les Grottes de Lascaux découvertes en 1940 et désormais fermées au public sont d’ailleurs remplacées par le centre international de l’art pariétal Lascaux , inauguré en 2016.

Carnet pratique

Y ALLER

Compter 4 h 30 pour un Paris-Gourdon en train, et 6 h en voiture via la A20. Préservé du tourisme de masse, l’affluence reste raisonnable même la première quinzaine d’août. C’est une région facile à découvrir du printemps jusqu’en automne, un peu plus «rude» en hiver.

UNE BALADE

Descendre un bout de la Dordogne en canoë

On part de la Roque-Gageac pour une balade au fil de l’eau d’un musée à ciel ouvert… D’un côté le château de Castelnaud, de l’autre les roches troglodytiques de cette vallée gâtée par la naturePique-nique obligatoire sur la petite plage à mi-chemin. À partir de 19 € / pers.

Canoë Vacances, Lespinasse 24250 La Roque Gageac. Tél. : 05 53 28 17 07.

DEUX TABLES

À La Roque-Gageac, La Belle Étoile est l’une des valeurs sûres de ce triangle d’or. La clientèle locale apprécie le raffinement et la fraîcheur apportés au terroir local. Cuisine délicate. Menus de 30 à 55 €.

La Belle Étoile, 24250 La Roque-Gageac. Tél. : 05 53 29 51 44.

À Sarlat, Le Présidial s’est installé dans l’une des plus belles demeures renaissance, dotée d’un jardin préservé en plein au cœur de la cité médiévale. Cuisine traditionnelle. Compter 40-45 €.

Le Présidial, 6 rue Landry, 24200 Sarlat. Tél. : 05 53 28 92 47.